lundi 17 septembre 2018

Sunshine Coast, Vancouver Island et Victoria – du 21 août au 2 septembre

Nos vélos arrimés à l’avant du bus, nous quittons Vancouver et filons vers le ferry de
Horseshoe Bay vers cette route de la Sunshine Coast dont on nous parle depuis des mois. 
Sunshine coast, ça nous faisait penser immédiatement à une route rocailleuse en bordure d’océan généreusement baignée de soleil… En fait pas vraiment...




Notre vieille amie la fumée étant toujours de la partie, le sunshine se fera très discret la première semaine, voire totalement absent. Quant à la coast, même combat, sauf que cette fois c’est la forêt qui nous cache l’océan. 

Nous pouvons nous consoler avec les lacs et surtout les magnifiques forêts de Cèdres de l’Ouest (aussi appelés Thuya Géants - imaginez nos fameuses haies de thuyas hautes de plusieurs dizaines mètres de haut), ces conifères dont la taille des troncs impose le respect. 



Animal sauvage peu farouche: hôte de ces bois ?

Ces forêts majestueuses, sombres, humides et brumeuses sont couvertes de grandes fougères, de mousses et de lichens : on ne serait pas surpris qu’un groupe de vélociraptors surgisse au détour d’un virage. Nous n’en verrons pas, pas même que les cougars ou autres ours, qui sont censés (eux !) peupler la forêt en nombre. 


Les cougars (aussi appelé pumas) sont de gros chats très discrets, et il est probable que nous en ayons croisés sans nous en rendre compte. 
On nous a d’ailleurs raconté qu’une expérience avec été menée avec un groupe de randonneurs munis de GPS lâché dans une forêt où des cougars eux aussi munis de balises GPS sont présents. Au retour de la randonnée, les randonneurs n’ont déclaré avoir vu aucun cougar. En comparant ensuite les données GPS des itinéraires des randonneurs et des cougars, ils se sont rendus compte que les cougars avaient bien suivi les randonneurs, bien tapis dans l’ombre… 
Il y a tous les ans des histoires horribles de petits animaux domestiques voire d’enfants tués par des cougars. Plein de bonnes choses à avoir en tête quand on entend un bruit autour de la tente, la nuit, dans la forêt… 
   

Notre itinéraire est une série de trajets en vélo et en ferry pour sauter de presqu’îles en presqu’îles, à travers Sechelt, Saltery Bay et Earls Cove.


Fin d’été oblige, les mûres sont au rendez-vous, de quoi reprendre nos vieux réflexes préhistoriques de chasseurs-cueilleurs pour agrémenter nos très modernes sachets de céréales du matin.




Le soleil ne refera son apparition que lors de notre deuxième jour à Powell River, un vent frais venu tout droit de l’océan ayant chassé la fumée vers l’intérieur des terres pendant la nuit (les pauvres !). On découvre alors enfin la côte, les rives de l’île de Vancouver en face, de l’autre côté du détroit de Georgia, et aussi les cheminées d’une grosse papèterie qui fument non loin du camping.

Si vous regardez bien à droite du totem, la fumée laisse échapper légèrement un bout de soleil...



Petit bateau servant à remorquer les troncs d'arbres à l'époque (le capitaine n'est pas d'origine) avant d'être remplacé par les poids lourds
Vieille machine d'exploitation forestière exhibée en bord de chemin, servant de cage à écureuils


Rive est de l’île de Vancouver : des palourdes et des grottes


Un autre ferry nous fait traverser le détroit pour rejoindre Comox, station balnéaire prisée des retraités pour son hiver doux.



Notre descente de la côte est de l’île de Vancouver se fait au rythme des marées, des fermes d’ostréiculture et des campings au bord de l’eau. 




Les produits de la mer sont omniprésents, mais il est nous est difficile d’aller à la pêche aux moules-moules-moules ; alors quand notre voisin de camping sur les territoires natifs à Qualicum Bay nous propose une belle assiette de palourdes fraîchement pêchées et toute cuite, la réponse est « oui » même si on s’est déjà enfilé une pelletée de pâtes !


Une fois n’est pas coutume, nous nous enterrons une après-midi pour une petite session de spéléologie. Vous l’aurez compris, on aime bien se faire du mal, alors quoi de mieux pour deux claustrophobes que de descendre dans une grotte ? Rien d’impressionnant néanmoins, nous n’irons jamais plus loin que quelques dizaines de mètres dans les cavités, de quoi faire la rencontre de ces gros criquets souterrains très mignons dans le faisceau de la lampe frontale.

Voyez la peur des profondeurs dans ce regard





Notre descente vers la ville de Victoria nous mène dans la ville de Nanaimo (prononcez « Neu-naille-mo »), où nous prendrons une nouvelle leçon d’hospitalité chez nos hôtes Kelly et Todd. Ils vivent dans une petite ferme dans la campagne au sud de la ville, et s’occupent notamment d’animaux qu’ils récupèrent çà et là. 




Une maréchal-ferrant ("farrier" en anglais) était là le matin de notre départ


Todd travaille sur une ligne publique de ferry à quelques centaines de kilomètres au nord, reliant des communautés isolées entre elles (la rentabilité de cette ligne est probablement négative, mais c’est la beauté du service public !). La routine de Todd ? Voguer dans de magnifiques fjords et observer les baleines.
Ce soir-là, Todd et Kelly nous préparent un excellent repas avec (encore !) du saumon au barbecue, on va finir par s’en lasser. Nous avions apporté pour le dessert des « Nanaimo bars », spécialités locales à base de chocolat et de beurre de cacahuètes : une tuerie ! (note du ministère de la santé : susceptible de boucher rapidement les artères ; à manger uniquement si vous faites du vélo très souvent, et dans le cadre d’un régime équilibré).

L’intérêt d’être logé chez l’habitant cycliste, c’est aussi d’avoir des bons tuyaux sur les routes à prendre et celles à surtout éviter ! Notre envisagions de prendre la terrible Highway 1 pour nous rendre à Victoria (la fameuse autoroute transcanadienne qui part de l’île de Vancouver et va jusqu’à l’Atlantique), une route à fort trafic, avec des travaux et un col à passer. Todd nous conseillera plutôt un détour beaucoup plus sympathique comprenant deux traversées en bateau à travers l’île de Saltspring, avec un chouette camping au bord de l’eau en prime (et quelques beaux pourcentages à deux chiffres aussi). 






Cette île héberge plein de fermes essentiellement biologiques qui proposent des produits frais (légumes, fruits, œufs, fleurs, glaces, limonades, confitures, savons, etc.) dans un petit stand sur le bord des routes, avec un système de paiement basé sur l’honnêteté des acheteurs car sans surveillance.





Notre arrivée à Victoria se fera après un détour dans le village de Sooke, au prix de 90km quasiment exclusivement passés sur des pistes cyclables, un pur bonheur sauf pour la partie finale où un pont était fermé, nous conduisant à prendre une échappatoire en forme de sentier en descente jonché de galets (sûrement une ancienne rivière) : les 50 mètres les plus lents de l’histoire du cyclisme, parcourus en une demi-heure ! 


Le chemin normal
Le chemin pas normal (oui, c'est par là qu'on est descendu)
Session de vengeance sur les galets de l'enfer.

Victoria, la "Garden City"



Victoria, capitale de la Colombie-Britannique, est nommée d’après la reine Victoria de l’ancien empire britannique (qui comprenait notamment peu ou prou le territoire actuel du Canada). C’est une petite ville comparée à sa grande sœur Vancouver, mais avec le charme d’un port authentique au pied du Parlement de la Province. 

Nous y resterons deux jours, notre tente fièrement plantée dans le jardin de notre hôte Nicholas, le temps pour nous de prendre le pouls de cette ville dynamique, pleine de jeunes (20 000 étudiants à l’université), de moins jeunes (on l’a déjà dit, le clément climat attire les retraités) et de touristes. Comme à Vancouver, les prix de l’immobilier ont explosé ces dernières années, poussant les foyers modestes hors des villes, les obligeant à faire des heures de transport pour travailler au centre. C’est l’inconvénient des villes nord-américaines, tout le résidentiel est construit sur un seul niveau, alors les quartiers, s’étalent, s’étalent, et s’étalent encore plus loin du centre. 

Le port et le grand hotel L'Empress

La horde de bateaux-taxis

Le Parlement de Colombie-Britannique
Le "Grand Dragon de Béton"...

L'entrée du quartier chinois de Victoria (le plus vieux du Canada)




Le nombre de SDF et/ou drogués est impressionnant, ils sont quelques milliers à errer dans les rues de Victoria paraît-il. 

La météo nous a permis de faire le tour de la ville en vélo, le long de sa côte rocheuse, à travers les banlieues aisées tranquillement fréquentées par biches et cerfs, ses golfs (18 trous) et cimetières (encore plus de trous !) sur la côte. 



Fait original, un cimetière chinois est implanté au bord de l’eau, en contrebas d’une petite colline rocheuse. Selon les croyances chinoises, cet emplacement est propice à la présence de dragons qui portent bonheur (vivant dans la mer la journée et dormant dans les montagnes la nuit, comme tout le monde le sait), conférant au lieu toute sa puissance et sa majesté et apparemment une belle vie éternelle dans l’au-delà.




Au cours de nos visites, nous assistons à une partie endiablée de bowling sur gazon, sorte de pétanque sur l’herbe, passons au pied du plus grand totem du monde (nous pourrons dire ça à nos petits-enfants, ils seront impressionnés sans aucun doute) et rencontrons une certaine Elisabeth, presque-incognito dans le parc de Victoria...



Queen Elizabeth II incognito dans le parc

Nicholas (et deux autres cyclistes non identifiés)

Victoria sera notre porte de sortie du Canada, après cet intermède d’un peu plus d’un mois parfumé au sirop d’érable, l’heure est venue pour nous d’entamer notre migration vers le sud, retour chez l’Oncle Sam, non sans une petite pointe de déception de quitter ce pays quand-même assez différent des USA, mais avec l’excitation d’aller enfin rouler sur la West Coast.


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