2- Voyager presque zéro déchet : Côté nourriture et recyclage en Amérique du Nord

Claire aurait été fière de pouvoir vraiment réaliser ce voyage avec l'étiquette "zéro déchet" mais malheureusement cela reste encore un vrai défi contrairement à la vie quotidienne lyonnaise où le zéro-déchet est plus accessible. La thématique étant encore assez jeune, peu de retours ou d’informations sont facilement récupérables sur le net et ce démarrage demande du temps et des essais. 



Alors pourquoi le "presque" ?

Tout d'abord et principalement car notre déplacement principal se fait en avion pour traverser l'Atlantique, moyen de transport résolument pas zéro-déchet par sa consommation en carburant, mais aussi par tous ses objets consommables et jetables à outrance: couverts, plats, "aliments" sous emballages plastiques multiples, écouteurs, plus en bonus pour les vols annulés les kits de nuit de secours Air France soit rasoir jetable, cosmétiques etc. (voir notre articles sur notre voyage aller relativement mémorable, partie 1 ET partie 2, il fallait bien ça!). On pourrait aller encore plus loin dans les réflexions en disant que le seul voyage « zéro-déchet » possible est celui qu’on ne fait pas…non ?


Nous avons par ailleurs quelques idées à vous partager pour vous aider à réduire l'impact de vos futurs voyages à vélo, en voiture, à pied, en montgolfière etc. ainsi que des axes d'améliorations que nous avons noté pour nos prochains départs, et les contraintes que nous avons rencontrées. Ceci en 3 articles:



2- Côté nourriture et recyclage en Amérique du Nord

Ensuite, vient la contrainte du stockage sur nos destriers à deux roues, nous ne pouvons pas faire d'achat de nourritures fraîches (déchets plus limités) pour plus de 2 soirs, un midi et 4 petits déjeuners, et nous n'avons pas de moyen de conserver des aliments frais quand il fait chaud ! Pas question de nous nourrir à coup de sachets lyophilisés, certes légers en poids mais petits en portions et très chers (comptez dix à douze euros pour une portion) et généreux sur les additifs, conservateurs, exhausteurs de goût et autres merveilles industrielles avec un emballage non recyclable. N'ayant pas des commerces d'aliments en vrac partout, nous devons nous résoudre à acheter certains aliments très souvent emballés. 




Les rayons vrac que nous avons rencontrés le plus souvent concernaient des bonbons, sucreries et biscuits salés, pas très équilibré tout ça ! Cela génère donc des déchets, nous avons dû nous rendre à l’évidence très rapidement. Même si nous essayons de donner une seconde vie aux emballages pouvant servir de sacs poubelle ou de sac de rangement, le reste doit partir à la benne 🙊🙈. Nous essayons néanmoins de limiter les déchets dans le choix de nos produits, par exemple nous prenons le moins possible de sacs en plastiques pour les fruits et légumes et bien sûr nous utilisons notre sac en coton pour les courses. Les américains (USA + Canada) sont encore à consommer des sacs en plastiques à outrance dans la grande majorité des supermarchés excepté quelques-uns plus engagés ou biologiques qui proposent des sacs en papier voir même des cartons (Trader Joe's notamment). 

Nous avons quand même réussi à trouver des marchés de producteurs locaux, principalement au Canada, voire carrément de passer devant les cultures du producteur local qui va vous chercher directement devant vous vos légumes dans son jardin bio, quel régal !





Autre problème aussi, la taille des portions : les portions vendues sont énormes en Amériques du Nord ! Pour une sauce tomate allant avec des pâtes (notre alimentation de base), les pots de sauces sont vendus par 600g dans un bocal en verre !

Pour les courses alimentaires, nous avons un grand sac en coton lavable donc, et utilisé également comme sac pour nos affaires de douche (optimisation sur le vélo oblige !). Nous avons aussi des sacs à vrac en tissus et sachets zip que nous réutilisons pour stocker nos aliments directement dedans. Des élastiques en caoutchouc peuvent s’avérer aussi utiles pour fermer les sachets ou boîtes. 

Nous avons eu le droit à des regards interloqués ou des visages figés dans le sud-est/centre des USA quand nous disions au passage en caisse de ne pas nous ranger les produits dans des sacs en plastiques car nous avions notre propre sac...

Evidemment nous transportons notre eau dans des gourdes souples et bidons de vélo, pas question d'acheter des bouteilles d'eau jetables ! Les contenants en plastique étant suspectés de donner un mauvais goût et de relarguer des composés dangereux dans l'eau, il y a la solution idéale de contenants en inox (néanmoins peu adapté au voyage à vélo car cela rajoute du poids et du volume non compressible). 


Quelques belles surprises néanmoins :


  • la chaine de supermarché Save-on-foods au Canada propose un très gros rayon vrac de produits alimentaires et ménagers (pas entièrement biologique néanmoins) ;



  • le joli magasin vrac / café / épicerie Ecosessentialsde la petite ville de Powell River sur les îles ouest de Vancouver, tenue par une Québécoise, l’occasion de parler français ;





  • autres magasins zéro déchets visités dans les grandes villes de Vancouver (NADA), New York (à Brooklyn Package Free), les CO-OP dont celle de Bozeman, Montana et prochainement à Portland San Francisco !



Pour les sceptiques, les produits bio et vrac ne sont pas forcément plus chers que les « conventionnels », puisque les marques font souvent payer les coûts liées à leur publicité et leur suremballage. Par ailleurs, aller vers le bio se fait souvent en parallèle d’un mode de vie plus sain, fait-maison, moins transformé, qui coûte bien moins cher que le tout-fait industriel. 



Le concept du "Recycling" en Amérique du Nord


L'autre obstacle découlant directement de la nourriture consommée concerne le recyclage des déchets. Dites-vous bien que pour la majeure partie des américains des U.S, recycler ("recycling") c'est en fait l'acte de jeter dans une poubelle plutôt que dans la nature tout simplement (pratique très courant au vu de la propreté des bords de route…). 
Aux USA, nous n'avons pas systématiquement rencontré de municipalités recyclant leurs déchets, contrairement au Canada. Sur la côte Ouest des USA néanmoins, les villes de Seattle et Portland par exemple ont un système de compostage des déchets organiques (pas besoin d’avoir un jardin, une poubelle spéciale est mise à disposition).

L'aluminium, matériau très consommé par les trop nombreux amateurs de sodas et bières en cannettes est globalement le plus « trié » voire même consigné (seulement au Canada et sur la côte ouest des USA, et souvent couplé avec le recyclage des bouteilles en plastiques). 



Trop peu de campings sont concernés par le tri aux USA (mais c'est aussi le cas en France vous me direz !), nettement plus au Canada et lorsque nous trouvons des poubelles de tris "officielles" :

  • le carton est très peu recyclé, il l’est principalement dans les très grandes villes : New York, Vancouver etc..),
  • le verre arrive premier des types de déchets non recyclés. Certaines bouteilles sont consignées au Canada. Aux U.S, le verre est à jeter avec l'aluminium ou dans les déchets généraux. Dans de nombreux cas on a l'impression de jeter directement dans un container en partance pour l'Asie où son avenir ne concerne plus les américains. Sauf que la Chine a arrêté d'accepter les déchets américains depuis plusieurs mois, tout s’entasse, cela va peut-être faire réagir certains élus locaux. Ce n’est pas Trump qui voulait relancer l'économie des US ? Voilà un nouveau marché tout trouvé plutôt que de relancer le charbon !
  • au Canada, ils recyclent principalement les canettes en aluminium et les bouteilles d’eau en plastique, excepté Vancouver où TOUT est trié par le réseau public, même les déchets organiques ! Nous découvrirons qu’il en est de même à Seattle et Portland aux U.S. 




En parlant de charbon, nous avons aussi limiter les déchets du côté de notre cuisinière portable peu écolo (vieux réchaud à gaz résolument pas zéro déchet avec les cartouches de gaz non rechargeables) en profitant de la présence quasi-systématique de zone de feu aménagée « fire pit » pour chaque emplacement de camping pour cuisiner au feu de bois ramassés autour de nous soigneusement par Aymeric. 



Ainsi nous avons économisé de nombreux usages de cartouches à gaz, dont les premiers bacs de recyclages ont été vus seulement dans les parcs nationaux en Utah (juin) puis certains campings canadiens et très rarement ailleurs. C’est devenu plus compliqué en juillet-août-septembre où tous les feux de camp ont été interdits en raison du très haut risque d’incendies !


Nous allons donc réfléchir à changer pour un réchaud à bois en rentrant en France. 

Note : dans certains campings, la collecte du bois au sol pour le feu est interdite, afin de ne pas perturber le fonctionnement de l’écosystème de la forêt. Ceci encourage l’usage des bouteilles de gaz, ou l’import de bois (et des parasites qui vont avec).

Nous avons aussi fait l’achat d’un allume-feu en magnésium pour limiter l’usage du briquet, très bon retour d’expérience pour l’allumage du réchaud, mais c’est plus dur pour les feux de bois. Pour info, les briquets vides équipés d’une pierrecontinuent néanmoins de créer des étincelles, cela peut vous servir pour amorcer le feu de votre réchaud donc ne jetez pas vos briquets vides (ou ramassez ceux trouver par terre si besoin d’une étincelle) !

Claire aurait voulu également trouver le temps et le matériel pour coudre un sac étanche et lavable qui constituerait notre sac poubelle réutilisable. Pour un prochain voyage surement !

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