dimanche 12 août 2018

Montana / Partie 2 : Le burger qui murmurait à l’oreille des cyclos - du 12 au 22 juillet

On a mangé des burgers aux USA, des bons et des pas bons, mais le seul MacDo qu’on s’est fait, c’est le col Mac Donalds en partant d’Helena (c’est le seul qui ne fait pas grossir). On nous avait prévenu de sa difficulté et on a effectivement souffert,
avec ses 800m de dénivelé sur 10 km, ses camions chargés de bois qui nous frôlent, la route étant étroite à cause de travaux en cours et les bas-côtés quasi inexistants. 



Tout au long de notre traversée de l’Etat, nous roulons souvent en parallèle des lignes de fret qui charrient le charbon vers les ports de la côte Pacifique, direction la Chine. Depuis l’arrivée au pouvoir de Dodo la Trumpette, les charbonniers s’en donnent en effet à cœur joie pour exporter leur carbone fossile vers le Mao-tse-tungistan. Ironie de l’histoire, on nous dira que le charbon retourne sa politesse en revenant partiellement sous forme de particules sur les USA, par les vents d’altitude.

En poursuivant notre route vers le nord, nous passons une ribambelle de lacs et rivières (qui font le décor, du Coné… euh du Montana !). C’est une très bonne idée ces lacs : après une journée de vélo dans la chaleur, une eau  d’à peine 20°C est un excellent réconfortant musculaire.








Un des premiers lacs au bord duquel on a dormi (le bien-nommé Brown’s Lake, certainement en référence à la couleur marron de son eau) nous a permis d’expérimenter à nouveau la générosité toute américaine : à peine installés, notre voisin d’en face nous amène le dessert avec des morceaux de pastèques tout découpés prêts à manger, puis, plus tard, notre voisin d’à côté nous invite à manger avec lui, invitation qu’on doit décliner car on a déjà pris notre repas. Pas de problème, il revient plus tard avec deux sachets contenant les restes de ce qu’il a préparé : une salade de patates agrémentée de saucisses pimentées qui seront engloutis le lendemain au petit-déjeuner.
Ce même voisin nous renseigne aussi sur la présence/absence d’ours dans les environs, ceci étant notre peur quotidienne qui conditionne notre manière de stocker notre nourriture et produits de toilettes pendant la nuit (suspendus à 3m dans un arbre ou stocké dans un bâtiment ou véhicule). Il nous rassure en nous disant qu’il n’en a vu qu’un en 25 ans de séjours réguliers dans ce camping, et conclut par : « Si vous êtes réveillés par un ours dans la nuit, venez-vous réfugier dans ma caravane, j’ai des armes dedans…». Winnie n’a qu’à bien se tenir !

Ces lacs sont l’occasion pour les américains de s’adonner à leur passion des moteurs thermiques en tout genre. Quand nous, pauvres français, nous nous contentons d’étendre notre serviette et de jouer à la baballe sur le sable, l’oncle Sam dégaine son hors-bord, son jet-ski et divers objets nautiques tractés pour s’amuser ou pêcher. Difficile d’apprécier le calme sur la rive, et autant vous dire qu’il faut se lever tôt le matin pour faire une photo du lac sans vague.





En parlant de lacs, nous dormirons par hasard au bord du lac Seeley, qui fût le décor quotidien de l’écrivain Norman F. Maclean et une partie du décor de ses ouvrages dont le célèbre « La rivière du sixième jour » adapté au cinéma plus tard par Robert Redford « Et au milieu coule une rivière ». 







Camping espagnol


Après une finale de coupe du monde commencée dans un bar puis poursuivie par WhatsApp avec notre service presse français, nous nous approchons de notre cible montagneuse, le Glacier National Park, en passant par des routes grouillant de voyageurs à vélo comme nous.







On est en effet à la croisée de deux itinéraires très populaires, le Northern Tier (traversée Ouest-Est des USA le long de la frontière nord) et la Great Divide (traversée des Rocheuses du Canada au Mexique, le long de la ligne de partage des eaux Pacifique/Atlantique), conférant aux routes des tonalités américano-germano-québéco-écosso-franco-slovéno-tchèques. 

Les campings du coin sont du coup bien aménagés pour les cyclistes/randonneurs, avec des tarifs acceptables et toujours une place disponible quelle que soit votre heure d’arrivée (quitte à serrer les tentes).
Nous nous retrouvons ainsi au parc naturel de Big Fork à dormir avec 11 autres cyclistes, sous 7 nationalités ! 




Au détour de notre visite à Big Fork, nous avons discuté, dans leur librairie (on cherchait un bouquin sur Lewis et Clark justement), avec deux frères américains d’origine canadienne (partie francophone hors Québec), dont les arrière-grands-parents ayant migré au Minnesota ont su tirer profit, au prix de durs labeurs, de la construction du chemin de fer reliant le Minnesota au Montana en plein essor minier. Leur père a su investir au bon endroit lors de la création du jeune état du Montana et acquérir de nombreuses propriétés et entreprises, tellement qu’il en devint fou et sombra dans l’alcool. Les deux frères nous raconteront aussi comment leur grand-mère fût sauvée d’une tornade par une femme indienne et comment à l’époque il n’était pas populaire de laisser échapper des reliquats d’accent français en ville. Rencontre passionnante !






Des glaciers sans cornet et autres histoires 


Nous arrivons enfin à Glacier National Park (avec 6400km au compteur !!), objectif qui nous avait été conseillé par Nat, un de nos premiers hôtes Warmshowers de Floride au mois de mars. 





Comme son nom le trahit, Glacier National Park est un massif montagneux escarpé à souhait, avec ses glaciers et sa palette habituelle de bestioles. Evidemment, il est victime de son succès tout comme les parcs de Yellowstone et de Grand Teton, mais un service de navette gratuite permet de visiter les endroits les plus fameux, notamment la vertigineuse et bien nommée route Going-to-the-Sun « en direction du soleil »





A notre actif, une ou deux courtes ballades en guise de repos, où nous avons pu approcher des chèvres de montagnes (mélange de chèvre et d’animal de science-fiction comme dans « l’Histoire sans fin ») et observer de loin des bouquetins et deux gloutons (plutôt rare paraît-il), dont nous avons appris l’existence le matin même (« wolverine » en anglais pour les fans de BD…), ou bien de se baigner dans le lac principal à côté d’une biche qui vient y boire. 








L’idéal aurait été de prendre le temps de faire quelques jours de randonnées à se perdre dans la montagne loin de la foule pour profiter des paysages et faire des selfies avec des grizzlis, mais il y a tant d’autres choses à voir … 






D’ailleurs si vous êtes tenté par ce parc, ne tardez pas trop, sur les quelques 120 glaciers originels du parc, il n’en reste que 26 encore enneigés. Ce qui n’empêche pas, néanmoins, et ce malgré les navettes gratuites, de continuer de privilégier les véhicules individuels. Certaines sections du parc sont même carrément fermées aux vélos entre 11h et 16h (compensable avec la navette et ses racks à vélos mais au prix des plusieurs heures de queue parfois !). Heureusement que la route la plus populaire est trop étroite et donc interdites aux camping-cars géants !




Notre route vers la frontière USA/Canada nous fait passer à travers les territoires des Ktunaxa, peuple originel occupant la région depuis plus de 10000 ans. Aujourd’hui, rares sont les traces de cette civilisation, le paysage a été dessiné par les agriculteurs et bûcherons blancs venus s’installer ici au XIXème siècle. L’industrie du bois y est omniprésente, et la vie est rythmée par les interminables trains de fret peu avares de leurs sirènes (un de nos campings étaient littéralement au pied d’une voie ferrée : sol qui tremble et sensation de train qui passe dans la tente - on recommande bien sûr !).




Finalement, ce Montana que nous avions idéalisé en livre ou en films avec Et au milieu coule une rivière et L’Homme qui murmurait à l’oreille des chevaux ne nous a pas déçus au cours de ces quelques 1000km passés à le sillonner ! Une belle pêche aux souvenirs… 




Cet état nous a rappelé notre Ardèche ou notre Corse : un climat aux saisons bien marquées, des gens rudes mais très généreux dès la glace brisée, une palanquée de touristes et çà et là quelques hippies venus réinventer un monde dans leur caravane.

Regardez bien à l'arrière du buggy...

"Pas d'armes à feu dans le magasin"






Nous quitterons le Montana et les Etats-Unis par la jeune ville d’Eureka (à peine 100 ans!), alléchés par l’odeur du sirop d’érable, pour arriver dans une Colombie aux accents très Britanniques : Canada, nous voilà !


"Vous quittez les USA -  Arrêtez-vous et adressez-vous aux douanes canadiennes"





     

                   




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