mardi 6 mars 2018

Le voyage Lyon/Paris/Miami, une aventure à lui tout seul - partie 2

Nous vous avions laissé à cette première nuit d'hôtel à Paris CDG le 1er mars afin de pouvoir embarquer dans le vol du 2 mars…

2 mars au matin, nous découvrons impressionnés l'A380 que nous allons prendre à travers les vitres de la porte d'embarquement. Beau gros mastodonte avec une vingtaine de véhicules et davantage encore de personnels affairés autour de lui, le remplissant de valises, de kérosène, d’équipage puis enfin de plusieurs centaines de passagers.



Décollage rondement mené, l'avion monte vers son altitude de croisière, quand, première alerte,

notre quasi voisine de siège demande à se détacher malgré le signal lumineux pour aller urgemment aux toilettes. Nous arrivons à l'altitude de croisière, cette même personne repasse aux toilette puis se dirige précipitamment auprès de l’hôtesse en lui disant qu'elle ne se sent pas bien du tout. Celle-ci l'accompagne plus loin et tire le rideau d'une plateforme, on entend ensuite un message au micro pendant plusieurs minutes appelant tout éventuel médecin ou professionnel médical à les rejoindre à l'arrière de l'appareil. 
Mauvais pressentiment.
Des passagers ont rejoint "le rideau", un médecin se dépêche d'aller se laver les mains aux toilettes et revient enfiler des gants... et s'ensuit alors un défilé de plusieurs stewards commençant à courir dans tous les sens pour récupérer tout le matériel médical présent à bord. 
Très mauvais pressentiment.
Tombe ensuite le message du capitaine : « Mauvaise nouvelles, nous devons faire demi-tour et rentrer à Paris pour une urgence médicale ». Quelque hystérique s’effondre en larmes dans l’avion en proférant des propos d’un altruisme patent (« je vais louper le match de basket de ma vie », « qu’elle crève cette bonne femme ! »), puis la victime est parquée pour la fin du vol sur son brancard derrière nos sièges, à l’arrière de l’avion, avec perfusion au bras et ses bruits d'agonie.



Demi-tour au-dessus de l’Irlande, impossible d’atterrir ailleurs qu’à Paris en raison des mauvaises conditions météo au Royaume-Uni. On observe une traînée blanche au niveau de chaque aile. On comprend rapidement que le pilote est en train de relarguer dans le ciel la majorité de son kérosène pour ne pas être trop lourd à l’atterrissage. 



Quelques mètres cubes de kérosène plus tard, une des hôtesses qui a géré la victime, s’assoie à côté de nous car son siège est pris par le brancard. Très stressée, elle vérifie trois fois son papier de procédure d’évacuation d’urgence, nous raconte qu’elle a déjà dû gérer la mort d’une « mule » en plein vol (personne qui avale un sachet de cocaïne pour passer la douane. Là, le sachet s’était ouvert dans le tube digestif - fatal en quelques secondes). Elle nous dit que la passagère va mal, elle a apparemment des conditions cardiaque et a craché du sang !
Paradoxalement, c’est à nous de rassurer lhôtesse sur le fait que latterrissage va bien se passer en lui disant que le pilote s’est délesté de pas mal de kérosène. Elle explique quand même que l’atterrissage risque d’être « un peu mouvementé » (dans le langage Air France, ça signifie qu’on risque de se crasher) et nous montre le croquis des passagers se pliant sur leur genou et nous demande de bien dégager notre zone d'accès en cas de sortie précipitée... AMBIANCE GARANTIE. 
Après une dernière offrande de kérosène au ciel de la banlieue parisienne (à peine 1000 mètres d’altitude), l’atterrissage se fait dans les règles, un peu tassé dans notre siège quand-même. On réalise que l’aéroport nous avait tout de même prévu un  « petit » comité daccueil « au cas où » avec des camions de pompier incendie qui nous suivent fidèlement jusqu’à notre point de stationnement.



Et ensuite vient ce moment qui pourrait être comique s’il ne s’agissait pas de la vie d’une personne. Quasi une dizaine de médecins, pompiers, policiers débarquent dans l’avion, apprêtant la victime à être débarquéemais rien ne se passe. Pas de nacelle pour débarquer la victime. La nacelle n’est pas venue avant une quinzaine de minutes, soit une éternité quand on sait que les services de secours ont été prévenus lorsqu’on était encore au-dessus de l’Irlande.
L’arrivée de la nacelle correspond à notre sortie de l’avion, le pilote nous ayant gentiment indiqué de sortir de l'avion car le vol était annulé.



Nous revoilà sur le sol parisien. 😭
Course jusqu’au guichet Air France (notre expérience de la veille nous ayant permis de vérifier l’expression « premier arrivé, premier servi ») car nous sommes environ 500 passagers concernés.



Arrivés au guichet, peu dattente du fait d'avoir couru, et là notre prise en charge par une hôtesse est brutalement interrompue par un des responsables. Commence alors une attente de 3 heures dont les principaux rebondissements sont :
- « on a pu négocier avec les autorités américaines et elles sont daccord pour faire atterrir l’avion cette nuit à Miami, même si c’est très tard pour eux ! On recherche maintenant un équipage pour pouvoir réembarquer » : applaudissement unanime et à forte teneur patriotique dans le hall ;
- « nous ne parvenons pas à trouver l’équipage nécessaire pour faire repartir l’avion. Le vol est donc reporté. Vous allez être logé à l’hôtel ce soir » : absence d’applaudissement dans le hall.
- « les informations quant à la reprogrammation du vol vous seront données dans la soirée par l’hôtel » : une certaine aigreur monte dans le hall.

Re-course pour aller chercher à manger dans une des boutiques de l’aéroport acceptant les bons Air France (20h30 quasi tout est fermé) et se jeter dans la navette de l’hôtel (un vrai bus cette fois-ci).

Arrivés à l’hôtel à 21 heures 30, aucune information n’est encore disponible sur le vol du lendemain. Nous mangeons nos soupes Marks & Spencer mal réchauffées au micro-onde du bar en regardant défiler les autres passagers arrivant par groupes au gré des navettes. 
Réveil mis à 5h le matin du 3 mars pour appeler la réception. Pas de nouvelle. Coup de fil de la réception à 6h : « vous êtes attendus pour 7h30 au guichet Air France « …

On saute dans une navette pour arriver dans les premiers d'une file qui contiendra bientôt plusieurs centaines de passagers (souvenez-vous "premier arrivé..."), pour nous annoncer au guichet que le vol sera finalement le lendemain… nous n'avons pas eu le privilège d'être reportés dans le vol exceptionnellement créé qui part à 11h. Après quelques yeux doux (et des mots un peu moins doux), l'agent nous trouve deux places dans l’A380 partant le jour même (il restait 3 places... "premier arrivé....").  
Petite vérification d’usage des bagages auprès du service bagage de l’aéroport : « OK ils sont bien sur CDG, c’est validé ils vous suivront dans l’avion avec vous ». Nous partons rassurés attendre notre embarquement prévu dans 5 heures, contents de pouvoir finaliser un voyage qui aura duré trois jours !

Vol bien passé, plein de trucs pour s’occuper l’esprit et l’estomac.
Passage obligatoire à l'arrivée sur le sol ensoleillé de Miami, devant le douanier américain, assez stressant mais qui se termine bien (ndlr : le douanier est le dernier rempart de contrôle avant l’entrée dans les USA, il est donc en mesure de nous imposer de retourner fissa chez nous si notre tête ne lui revient pas… d’où le stress).

Au carrousel des bagages, les sacoches des vélos sont là… mais, presque sans surprise, pas les vélos… Après quelques discussions avec le service bagages (on compte plus les heures maintenant), on nous assure qu’ils sont à Paris et qu’ils prendront le vol du lendemain, et qu’il faut qu’on prenne un taxi pour aller à notre hébergement. Ce dernier essaiera en vain de nous voler sur le prix de la course, il valait mieux pour lui qu'il n'insiste pas nous n'étions pas d'humeur !

Nous sommes alors le 3 mars puis 4 mars puis le 5 mars, après plusieurs appels houleux avec le service bagages dAir France, on nous indique en substance, non sans une certaine assurance que "on ne sait pas où son vos bagages", puis " vous pouvez en attendant louer des vélos ce sera remboursé par AirFrance" - la blague ! -  et ensuite  "les colis arriveront le 4 mars, enfin plutôt le 5, enfin le 6 finalement, mais enfin comme ils arriveront le soir à Miami vous ne les aurez pas avant le 7"..."Nous sommes désolés, désolés, vraiment désolés. Mais non, vous n’avez pas le droit de m’insulter au téléphone..."

Donc, seulement 6 jours après le début officiel de notre voyage en vélo, nous pourrions être en mesure d’avoir nos vélos !

Heureusement, nous bénéficions de l’hospitalité d‘Ellen à Miami (via le site Warmshower), qui devait initialement nous accueillir pour une nuit, mais chez qui nous passerons finalement 4 nuits et qui nous prête des vélos pour visiter le coin.

Dans la suite des épisodes, nos escapades dans Miami (et on l'espère, un mot pour dire que les vélos sont arrivés intacts)!




10 commentaires:

  1. Incroyable ... Je sens que votre voyage va être TRÈS riche en émotions !! Gros bisous à vous deux :)
    Barbara

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  2. Je pense qu'il faudra écrire un livre à la fin de votre voyage!! Si ça commence déjà comme ça.
    Bonne visite de Miami

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  3. Ha, le rêve américain.......Au fait,j'y repense; aux dires de la chaine 85 de Canalsat, il y aurait une recrudescence de python en Floride, ces bébêtes qui vous avalent un humain en un temps record! Faites attention quand même mais pas aux vélos, c'est trop gros. Vivent les voyages authentiques !!!

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  4. Nous avons cru tout d’abord être dans un roman, mais non c’était bien avec Claire et Aymeric, nous voyons cela dans les films surtout!!mais là nous sommes bien dans la réalité!!! Le tout c’est que vous puissiez récupérer vos vélos et qu’après, vogue la galère!! L’arrivée à été difficile mais tout ira mieux maintenant, nous sommes optimiste pour vous!!! Gros bisous et COURAGE!!!!
    Mc R

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  5. Dites-donc les gamins; z'avez pas dit que vous avez fait une course contre les pompiers ? Cachotiers; z'aimez pas partager les anecdotes hein ?
    Le grillon de Fondgrain.
    PS: j'avais oublié de signer mon 1er message

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  6. Mais quelles péripéties!!!! c'est hilarant, n'arrêtez surtout pas de tout nous raconter!!! et en bonus quand vous sortirez le DVD, il y aura les plans coupés au montage? moi je veux vous entendre expliquer aux gens d'Air France tout le bien que vous pensez de leur compagnie!!!!! A très vite et bon courage!!!

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  7. NIDERKORN Christèle9 mars 2018 à 11:19

    Whaaa ! Dingue, quel départ en grande fanfare ! Etienne qui prend l'avion régulièrement ne m'a jamais raconté pareil péripétie !! Il est d'ailleurs en ce moment à Houston.
    J'espère que vous avez pu récupérer vos vélos.
    Christèle

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  8. voyage a rebondissement.vivement les autres épisodes
    bisous de Maltaverne Plage

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  9. Ce commentaire a été supprimé par l'auteur.

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  10. Oho mais ça annonce un génial voyage ça ! Vous allez vous régaler !
    ça me rappelle un livre qui devait s’appeler "zen and the art of motocyclette maintenance". Vous pourrez écrire un équivalent où au moins prétendre au statut d'éveillé bouddhiste !!!
    La personne a survécu au fait ?

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