samedi 8 septembre 2018

Vancouver – la capitale qui n’en était pas une – du 17 au 20 août

En guise d’introduction, passons très rapidement sur la blague préférée d’Aymeric : « A Vancouver, y’a du vent et c’est couvert », pour dire qu’effectivement c’était couvert, mais couvert de fumée, la Colombie-Britannique (et la côte ouest de l’Amérique du Nord en général) étant toujours en proie aux incendies. Et du vent, oui, il y en a toujours un peu quand on file sur nos vélos. 




Fraîchement descendus de notre montagne, nous sommes d’abord accueillis par la famille d’Emmanuel et Cindy à North-Vancouver (qui, comme son nom l’indique, est un gros quartier situé au nord de Vancouver, séparé de la ville par un bras de mer). Emmanuel est un français marié à Cindy, une australienne, et de qui nous avons fait la connaissance par Rémy, un ancien collègue de travail. Si vous êtes perdus, c’est fait exprès, c’est juste pour dire que Vancouver est une ville cosmopolite où il ne faut pas dire tout haut du mal des gens car il se pourrait bien qu’ils soient français. D’ailleurs, le soir de notre arrivée, se jouait une petite sauterie franchouillo-franchouillarde autour d’un délicieux saumon au barbecue accompagné de ratatouille maison (approuvée par Claire, c’est dire !).  


Emmanuel, Lilia, Cindy et Alexis
Des nationalités différentes il y en a des tonnes à Vancouver, notamment en provenance de Chine, du Moyen-Orient, d’Inde (selon l’illustre Wikipédia, 52% des habitants auraient une langue maternelle autre que l’anglais). Beaucoup de gens arrivent, certains avec beaucoup d’argent, attirés par le dynamisme de cette ville. Le revers de la médaille, c’est une spéculation immobilière indécente : les prix ont explosé en quelques années, et certains appartements de haut standing sont tout simplement vides, leur propriétaire attendant simplement qu’ils prennent de la valeur avant de les revendre. 




Et c’est toujours les mêmes qui trinquent, les hôtels de luxe toisent de haut les perdants de la société canadienne, traînant leur caddy et leur misère entre les buildings. Nos premiers kilomètres vers la ville étaient encadrés par des affiches publicitaires d’agents immobiliers écrites en chinois voire de temps en temps en anglais. Du coup, les idées pour se loger fleurissent, et on peut admirer dans les ports de vieux bateaux transformés en jolies maisons flottantes, cette solution restant un bon compromis immobilier pour certains. 




Hormis le cœur historique en brique de Gastown, le centre-ville « downtown » a tous les attraits d’une grande ville américaine : un concentré de gratte-ciels au centre, un quartier Chinatown, des cafés Starbucks à chaque coin de rue, puis des kilomètres carrés de maisons individuelles ou de petits immeubles ensuite, le tout selon un rigoureux plan en damier. 




Rues dans Chinatown le quartier asiatique de Vancouver



La spécificité de Vancouver est sa position à l’estuaire de plusieurs rivières et en bordure du Détroit de Géorgie (l’antichambre de l’Océan Pacifique) : c’est un chapelet d’îles reliées entre elles par une série de ponts et de ferrys, autant de choses amusantes à prendre en vélos pour profiter de belles vues sur la ville.


Pont de Lions Gate, très facilement cyclable avec ses pistes séparées des voitures

Vue du centre-ville Downtown




La différence avec d’autres villes nord-américaines, c’est le réseau de pistes cyclables qui est un véritable bonheur pour les mollets ! Nous avons même testé le « voiturier pour vélo » gratuit lors de notre session « magasinage » (« shopping » en québécois) dans l’ ancien quartier industriel (et devenu très touristique) de Granville avec son grand marché couvert. 







Et si vous en avez marre de rouler ou si l’air est vraiment irrespirable à cause des incendies ? pas de problème, tous les bus sont équipés de deux portes-vélos !




Après quelques 90km parcourus dans Vancouver, nous pouvons aisément attester que le vélo est un très bon moyen de visiter la ville. D’ailleurs les touristes y vont tous de leur location de vélo, menant même à quelques embouteillages dans les endroits prisés comme le tour du Stanley Park, où tout le monde doit obligatoirement tourner dans le même sens pour éviter les collisions. Ces endroits touristiques tranchent avec les boulevards à vélos où les locaux vous doublent à toute berzingue sans crier gare.






La suite de notre séjour sera gracieusement sponsorisée par Anna, une autre française travaillant et habitant North-Vancouver, et qui a accepté de nous héberger en dernière minute après notre demande via le réseau Warmshowers. Non contente de nous sauver la mise dans une ville où le moindre logement est hors de prix, Anna nous invite le soir-même à une soirée peu banale à une dizaine de kilomètres de vélo sur une petite île dans la baie de la station balnéaire de Deep Cove. 


Vue de la baie de Deep Cove

Arrivés sur le quai du port, un vieux bateau de pêche nous emmène sur une petite île habitée par un canadien dont nous ne serons que le prénom (qu’on a oublié depuis, honte à nous) accompagnés de ses deux amies. Nous passons la soirée avec notamment trois navigateurs parisiano-breton partis de Saint-Malo sur leur voilier, ayant passé le cercle arctique, puis cassé leur mât à Vancouver, et littéralement en rade depuis un mois (du coup ils se sont fait des amis dans tout le port, ils pêchent des crevettes à droite à gauche). La petite soirée a été organisée justement pour fêter l’arrivée de leur nouveau mât : du coup les huîtres et le ti-punch sont de sortie, et d’autres bonnes choses mais non identifiées car consommées dans la pénombre. Tout cela se fait au rythme de musique des années 70 avec une forte odeur d’herbe dans l’air (légale en Colombie-Britannique). Nous revenons enfin sur la terre ferme avec notre petit bateau, piloté par un vieux loup de mer québécois dont la sobriété n’a d’égale que son aversion pour le cannabis (autant dire qu’on s’est demandé si on allait rentrer de cette île un jour), il nous restait pour clôturer la nuit quelques 15km à faire en vélo pour rentrer en ville mais à 1h du matin les rues étaient à nous ! 






Les jours suivants, nous continuons de sillonner les rues, ponts et ferrys de la ville, au rythme des pétroliers, porte-containers, bateaux de croisière, hydravions et phoques qui se croisent dans le port.


Quotidien dans la baie de Vancouver 

Un phoque à la recherche d'un casse-croûte

Un orque qui a trouvé son casse-croûte


Pour vous permettre de briller en société, et puisque vous adorez l’histoire c’est certain, sachez que Vancouver est une ville toute jeune d’un peu plus de 150 ans, le premier bâtiment, une scierie, y étant apparue en 1867. D’abord appelée Gastown (si vous avez suivi, nom de l’actuel quartier historique), la ville a été renommée Vancouver en hommage au capitaine anglais George Vancouver qui a exploré la région à la fin du 18èmesiècle. L’importance stratégique de cette ville sur la façade pacifique, porte ouverte vers l’Asie et vers les mines d’or de l’intérieur des terres de Colombie-Britannique a été vite comprise, menant la ville vers le succès qu’on lui connaît aujourd’hui. 
Bien avant l’arrivée de l’homme blanc, des peuples indigènes ont habité la zone de Vancouver. Ces peuples existent encore, et la présence de leur culture transparaît dans certains noms de lieux (imprononçables. Par exemple « Vancouver » s’écrit « K'emk'emelay »). Les communautés indigènes ont encore la propriété et la gestion de certains territoires ancestraux considérés comme sacrés, mais il est difficile pour elles de faire valoir leur droit et de trouver leur place dans la société moderne. 

C’est aussi à cause à son emplacement très stratégique que Vancouver se retrouve sur le devant de la scène politique du pays car c’est dans ce port qu’il est prévu de faire arriver un nouveau pipeline pour exporter l’or noir extrait des sables bitumineux de la province d’Alberta. Ce projet est actuellement très controversé au Canada pour des raisons environnementales et économiques, car ici se joue une part de l’indépendance du Canada face à son ogre de voisin américain, avec le risque d’un déversement de pétrole au milieu de la nature…

Malgré cette puissance économique et démographique, Vancouver n’est pas la capitale de la Colombie-Britannique, il s’agit de Victoria, située plus au sud, de l’autre côté du Détroit de Géorgie, sur l’île de Vancouver (oui, on sait, c’est trompeur, Vancouver n’est pas sur l’île de Vancouver !).



Justement, c’est vers l’île de Vancouver que se joue la suite de notre périple, le long de la Sunshine Coast qu’on s’est promis de découvrir depuis que deux canadiens nous en ont parlé dans un camping de Floride en mars. Une nouvelle occasion de prendre le large !





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