lundi 28 mai 2018

A travers les Appalaches par le Blue Ridge Parkway - 2 mai au 15 mai

Après un peu plus de 3000 km d'échauffement et une pause bien méritée à Greenville, on se décide enfin à passer aux choses sérieuses avec une remontée des Appalaches par le Blue Ridge Parkway !

Ces deux semaines de montagne sur un des plus beaux itinéraires du pays n'auraient jamais pu se faire sans le crack boursier de 1929.





En effet, pour redonner de l'emploi aux américains en pleine crise économique dans les années 1930 , l'État américain décide la construction d'une route touristique à travers le massif des Appalaches, qui suivra peu ou prou la ligne de crête des montagnes du Blue Ridge (l'équivalent de notre "ligne bleue des Vosges"). Les travaux principaux de réalisation de cette route dureront à peine une dizaine d'années, un exploit étant donné la nature des travaux : 755 km de long, des dizaines de ponts, de tunnels et de viaducs, le tout jusqu'à une altitude maximale de 1845m.

Très populaire dès son ouverture, le Blue Ridge Parkway est resté avec le temps un itinéraire de choix pour les touristes avides de beaux paysages et de culture rurale américaine. Les deux grosses saisons touristiques sont le printemps, moment où les omniprésents rhododendrons tapissent le bord des routes de fleurs rouges, roses et blanches, et l'automne, quand la forêt se pare de couleurs chaudes avant de prendre ses quartiers d'hiver. 
Évidemment, cette route est un paradis pour les vélos : peu de trafic, pas de chiens, peu d'intersection, des montées, des descentes, tout ce qu'un cycliste recherche y est offert sur un plateau!
Le prix à payer en revanche, c'est plus de 11 000m de dénivelé positif, le plus souvent engrangé lors de démoralisantes successions de longues montées suivies de courtes descentes.







Notre arrivée sur le Blue Ridge Parkway s'est faite par Asheville, en Caroline du Nord, ville jeune et dynamique blottie contre les montagnes . Nous y avons été hébergés par Bryan, notre hôte Warmshowers, professeur de sciences et avide cycliste avec ses (seulement) 8 vélos.

Notre première journée sur le Blue Ridge Parkway a été l'occasion de croiser les fameux ours noirs des Appalaches : une première fois sur le bord de la route, en haut d'une butte, la bête en question est restée curieuse de ces deux cyclistes qui la prenaient en photo (de loin, sage précaution). La deuxième fois, il s'agissait d'une mère et de ses quatre oursons tous affairés à fouiller dans la litière les rares provisions disponibles en ce printemps tardif. Heureusement, ce sont les seules rencontres que nous ayons faites, ayant pris pour habitude de ne rien laisser d'attirant avec nous dans la tente la nuit (ni nourriture, ni cosmétiques aux odeurs intéressantes). En sortie d'hiver, les ours ont faim et tout ce qui peut s'apparenter à de la nourriture les fait venir. C'est pour cela qu'ils sont surtout présents non loin de la zone urbaine d'Asheville, les poubelles y sont de très bons garde-mangers.




Cette première étape a été certainement la plus difficile depuis le début du voyage, avec ses 90 km et quelques 1800m de dénivelé positif.



Une fois là-haut, la route reste bien vallonnée, mais les efforts sont récompensées par de belles vues sur le reste des Appalaches. Malheureusement, nous sommes une fois de plus en avance sur la saison de floraison (ou plutôt, la floraison est en retard), nous avons surtout du vert à nous mettre sous les yeux, mais tout de même quelques fleurs.






Les montagnes des Appalaches font aussi la fierté des américains pour la riche culture musicale qui s'y est développée au fil des siècles. Puisant ses racines dans les musiques traditionnelles européennes (Irlandais, Ecossais) et africaines (traite des esclaves oblige), elle s'apparente à ce qu'on appellerait de la "country".  Nous avons été doublement chanceux en cette fin d'après-midi du 7 mai, en arrivant au musée de la musique Appalachienne à Galax, Virgnie, perdu au milieu de la montagne . Doublement chanceux car premièrement, on comprendra plus tard que cette pause au sec nous aura permis d'éviter une drache phénoménale. Deuxièmement, car un petit groupe de musique traditionnelle ("The Buck Mountain Band") présent à l'entrée du musée s'est remis à jouer à notre arrivée alors qu'ils venaient de remballer leurs instruments. Tous les après-midis, des bénévoles jouent  devant le musée pour les visiteurs : petit concert gratuit appréciable après une journée de vélo.





Notre périple dans les montagnes a encore été l'occasion de belles rencontres, notamment grâce au fameux réseau Warmshowers :

-chez Dave, à Boone, en Caroline du Nord. Boone est une petite ville universitaire, ce qui la rend jeune, vivante et bike-friendly (adjectif court et pratique qui signifie : "adaptée à la pratique du vélo") . Dave nous a reçu dans sa maison au pied de la montagne de Boone, et a convoqué quelques amis à l'occasion de notre venue, dont Will, professeur d'université ayant vécu quelques mois en France, à l'université de Lille. La soirée a donc été l'occasion pour lui de reparler français pour notre plus grand plaisir. Après quelques verres de vin et entre deux burgers au barbecue, il est repassé à l'anglais et nous a expliqué son point de vue tranché sur Trump, et sa crainte de le voir briguer et gagner un second mandat en 2020 ;



- entre Boone et Roanoke, nous sommes retournés en Décembre aux périodes de fêtes de fin d'année car ces régions sont le climat idéal pour les pépinières de sapins de Noël ;




-chez Will et Lindsay, à Roanoke en Virginie. Will et Lindsay sont deux jeunes architectes très occupés par leur travail, mais qui ont pris le temps de nous accueillir pendant deux nuits, Claire et son vélo ayant besoin de se requinquer après une chute dans une descente (quelques hématomes et écorchures, le garde-boue avant pulvérisé, et les sacoches avant un peu endommagées). Ils vivent dans une belle maison de brique et de bois datée de 1905, encore dans son jus avec baignoire à sabots, boiseries et inserts de cheminée décoré. Pour l'instant seulement accompagnés de leur adorable léchouilleur de chien Sherpa, la famille va très bientôt s'agrandir puisque Lindsay était enceinte de 8 mois lors de notre visite…
Roanoke est une petite ville industrielle pleine de caractère (vieux centre en brique, maisons périphériques en bois, avec le combo "porche et balancelle"), et où le vélo est en train de prendre un peu de place sur la voiture, à en juger par le réseau intéressant de pistes cyclables et les sorties de vélo en groupe organisées toutes les semaines pour les habitants ;


-Bruce, cycliste "à l'ancienne" rencontré sur la route et faisant le chemin inverse au nôtre, de Washington D.C. à la Caroline du Sud. Capable de nous sortir de tête les noms des routes depuis Washington (soit plus de 200 km…), il nous donne un tuyau intéressant pour notre nuit à venir : un camping gratuit avec petit-déjeuner à 5$ proposé à tous les randonneurs de passage (le Blue Ridge Parkway suit en effet un important chemin de randonnée important, The Appalachian Trail).  Pour notre bon plaisir, il se trouve que ce futur camping était lié à la présence tout près d'un complexe restaurant-distillerie-brasserie, on a donc pu conclure la journée de vélo par une bonne pinte de bière artisanale au pied des montagnes;


-chez David et Joann, à Charlottesville en Virginie. Tous deux retraités, David et Joann nous ont accueillis deux nuits dans leur magnifique maison (et son magnifique jardin, avec sa magnifique douche solaire extérieure - le must quand il fait 30°C), le temps de laisser passer les orages prévus sur la ville et d'attendre notre train pour Washington. 

Cela nous a donné l'opportunité de visiter cette ville fondée en 1762 le long d'une route stratégique et nommée ainsi en hommage à la reine Charlotte, femme du roi d'Angleterre de l'époque.
La ville est surtout active grâce à son université, fondée par Jefferson, ancien président des USA, et où un certain Egdar Allan Poe a fait une partie de ses études. Le campus était en ébullition lors de notre passage, en raison de la préparation des traditionnelles cérémonies de remise de diplômes.


La ville de Charlottesville est aussi tristement célèbre pour une manifestation de suprémacistes blancs qui a mal tourné en 2017, se finissant par la mort d'une militante anti-racisme (les suprémacistes manifestaient contre le déboulonnage d'une statut d'un général de la guerre de Sécession réputé raciste et favorable à l'esclavage).

C'est donc avec 4000 km dans les jambes depuis la Floride et les 11 000m de dénivelé positif encaissés sur le Blue Ridge Parkway que nous poursuivons notre voyage vers le nord-est du pays. Afin de gagner un peu de temps, c'est en train que nous rejoignons la capitale des USA, Washington D.C., pour la première page plus reposante de notre chapitre "touristes en short dans les rues de la ville".




4 commentaires:

  1. hi! this is hirsch. i am the cyclist you met near talking rock and ellijay, ga!! so glad you guys are rolling!!!

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    1. Hello ! Nice hearing from you !! You still remain the only cyclist we have met through Georgia ! :D
      Hope you are fine, from our side we are about to cross the country with amtrak to ride up north through the Rockies :D

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  2. coucou,votre circuit montagne est vraiment plus agréable a voir.3000 km déjà ,faudra m'expliquer comment vous faites,nous 2h de voie verte et on court acheter un cuissard bien rembourré!!!!!allez bonne route les jeunes bizzzzzzzzz

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    1. Après quelques milliers de bornes, la couche de corne nous protège les fesses :p
      Plus sérieusement, trouver une bonne selle est le plus difficile mais fait toute la différence !

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