lundi 22 octobre 2018

Côte californienne - en route vers San Francisco – du 23 septembre au 11 octobre



Notre entrée en Californie se fait par la bourgade de Smith River, du nom d’un jeune aventurier qui a exploré la région il y a fort longtemps : à l’âge où certains d’entre nous commencent à bosser ou vont à la Fac en traînant des pieds, notre ami trappeur Jedediah Smith s’aventurait à travers l’Ouest Américain, à la recherche de fourrure et de gloire. Au cours de trois expéditions, il allait découvrir de nouvelles routes et de nouvelles terres jamais foulées par l’homme blanc : ça vaut bien une rivière à son nom ! L’Histoire raconte qu’il portait de longs cheveux détachés pour cacher des cicatrices laissées par l’attaque d’un ours…



Louis XIV et la fleur de Lys, une vieille histoire de plante

A Smith River, on découvre que l’on est tombé par hasard dans la capitale mondiale de la production des bulbes de « Lys de Pâques » (c’est paraît-il très célèbre aux USA : tout comme les français s’offrent du muguet le premier mai, les ricains s’offrent ce lys blanc à Pâques). Les champs ne sont malheureusement plus en fleurs au moment de notre passage, on n'a droit qu’à des touffes de feuilles verdâtres… 



Après avoir traversé la capitale mondiale de la fougère en Floride (en mars, souvenez-vous !), on se dit que ce voyage aura été des plus enrichissants au niveau botanique.


On reste au niveau des plantes, mais cette fois avec des gaillards autrement plus âgés. Les forêts de Redwood (séquoia géants) du nord de la Californie sont connus pour abriter les arbres parmi les plus hauts, les plus gros et les plus vieux de la planète. Cette espèce d'arbre existait déjà au temps des dinosaures (des scènes du films « Jurassic Park : Le Monde Perdu » ont d’ailleurs été tournées dans le parc) ! 
Victimes de leur taille, il n’en reste plus qu’un maigre échantillon à cause de l’exploitation forestière. Néanmoins, les forêts restantes sont impressionnantes, notamment dans le parc de Jedediah Smith où notre tente est ridicule face à ces troncs de plusieurs mètres de diamètre qui nous toisent d’une centaine de mètres de haut ! 





Il en a coulé de la sève sous les écorces depuis que ces mastodontes ont germé : les plus gros des arbres actuels étaient là avant que l'Amérique ne soit découverte par les Européens et ils étaient déjà bien gros quand Louis XIV faisait sa première dent. C'est paradoxal, d'ailleurs, pour un pays aussi destructeur de son environnement, que les plus vieilles traces de son passé soient des forêts... 

Franklin à l'assaut d'un Redwood plusieurs fois centenaires!

Avant de servir d'abri à cyclistes, les anciens se servaient de ces énormes trous dans les arbres comme enclos pour le bétail

En bonus, trois informations pour briller lors de votre prochaine soirée botanique :
  • Ces arbres sont tellement énormes que, lorsqu’ils tombent, ils créent un mini-séisme dans les environs (magnitude 2 sur l’échelle de Richter) ;
  • Au XIXème siècle, il fallait 10 jours pour abattre un tel arbre avec les moyens manuels de l’époque. Les bucherons lubrifiaient le sol avec le gras du bacon pour faire glisser le tronc par terre ;
  • Les cônes de Redwood (« pommes de pins ») sont gros comme des olives. C’est un peu comme pour les voitures, plus l’engin est gros, plus l’organe reproducteur est petit ! 

Cône de Redwood (taille d'une olive)
"Big Tree" : 7m de diamètre, 1500 ans !

Villes et paysages de la côte 

Qu'on se le dise, ce n’est pas grâce à ses villes que le nord de la côte californienne est réputé : Crescent City, Eureka, Fort Bragg, sont autant de passages obligés où se croisent touristes et SDF. Leur position privilégiée en bordure d'océan n'efface pas cette grande pauvreté omniprésente qui sillonne les rues. 
Plus on avance dans ce pays, plus on comprend que les écarts de richesse se creusent à un rythme effréné (ce sera encore plus vrai à San Francisco, où les cadors de la Silicon Valley croisent les laissés pour compte de la crise de 2008, et plus généralement d’une société à la dérive).  


Seule petite surprise : Ferndale, un joli petit village au milieu de la campagne. Le bourg est jeune d'un point de vue européen (il date de 1914) mais a su garder son authenticité avec ses maisons victoriennes colorées et ses fermes en bois en périphérie. 
Le village est tellement typique qu'il a servi de décor au film "Alerte !" (1995), une sombre histoire de virus destructeur type Ebola qui se déclare dans ce petit village à cause d’un singe, renommé "Cedar Creek" dans le film (le village, pas le singe). En voyant les images du film, il se pourrait même que le camping où on a dormi ait servi de décor pour une des scènes du film. 


Petit singe à roulettes porteur d'un virus arrivant à Ferndale





Oublions un peu les villes, c’est bien pour ses paysages et leur diversité que cette côte est un plaisir à parcourir : elle commence gentiment par des longues plages de sables, ponctués d’ilots rocailleux solitaires, puis laissent régulièrement la place à des falaises parfois vertigineuses, des aplombs de plus de 100m plongeant directement dans le bouillon pacifique.




Probablement notre plus belle pause déjeuner  Un banc, l'océan et les baleines pour nous tout seul (ne cherchez pas les baleines sur la photo! 






Il est sexy le ciel de Californie (même la nuit)


Chasse et pêche

Côté bestioles, la ménagerie n’est pas en reste, puisqu’on arrive à apercevoir quelques baleines grises trahies par le jet d'air et d'eau de leur respiration. 

Désolé, on n'a pas un super zoom sur notre appareil, alors on vous refourgue la seule baleine qu'on a vue de près


Sur la terre ferme, les wapitis sont en pleine période de reproduction : les mâles surveillent leurs harems et se battent dès la tombée de la nuit avec les autres prétendants (voilà, c’était la partie « sexe et violence » de l’article). Ces wapitis sont des grosses bestioles, et il ne vaut mieux pas croiser la route d’un mâle en rut (ou le rut d’un mâle en route) ou d’une femelle protégeant ses petits…





Plus près du sol encore, notre pause midi à Big Tree est interrompue par une famille de serpents qui nous passent tranquillement dans le dos pour prendre le soleil. Ils sont pas gros et sont plutôt mignons, mais on n’a pas envie de faire plus ample connaissance…(et on n'a pas envie de savoir combien de temps on les a eus dans le dos avant de les voir).



Moins exotique, on tombe aussi sur quelques félins sanguinaires assoiffés de gratouilles et de friandises.

Voilà ce qui se passe quand on a une veste qui sent le graillon!

















Et pour ne pas regretter de partir du pays avant la fête de Thanksgiving (fin novembre), Dieu nous a envoyé un troupeau de dindons (troupeau croisé en plein quartier résidentiel, ça n’avait pas l’air de choquer grand monde). 

Pour info, aux US, si à Pâques on s'offre délicatement des lys blancs, à Thanksgiving on bouffe une dinde!

La fin approche, la pluie aussi, et autres histoires

Notre arrivée à destination commençant à s’approcher, on ralentit considérablement notre rythme, on s’accorde des jours de repos qui s’articulent toujours autour d’un repas bien gras dans un petit « diner » du coin (ces petits restaurants familiaux où on vous sert du matin au soir des « breakfasts », et dont l’objectif principal est de jouer avec votre taux de cholestérol), à base de burger et de frites. 
Evidemment, la seule photo qu'on a, c'est Aymeric avec une salade (certes une "salade du chef", donc plutôt costaud)



La météo nous joue des tours à mi-parcours, on se prend probablement les restes de l’ouragan Rosa en train de sévir un peu plus bas au Mexique. 

Le ciel n'est plus bleu, mais c'est toujours aussi beau

Alors, après quelques jours de pluie au camping, on s’offre le luxe d’un motel à Fort Bragg puis d’un Warmshower à Elk. On y sera hébergés par Judy et sa famille dans une sorte de petite ferme avec des moutons et un émeu (datant de l’époque où un américain a voulu concurrencer le commerce du poulet par des émeus). 
Judy vit avec son père de 92 ans, un homme plein de vie qui nourrit encore ses bêtes tous les matins, et qui nous a raconté avoir vécu en direct l’attaque de Pearl Harbor en 1941 (il a grandi à Hawaï). Cette soirée en leur compagnie aura été étonnante à plus d’un titre !

Une fois n'est pas coutume, nous n'avons pas pris nos hôtes en photo, mais nous avons les moutons !

Un émeu pour le moins ému 

Comme on vous l’a déjà décrit, cet itinéraire est l’occasion de rencontrer beaucoup de cyclistes qui descendent eux aussi la côte. On retrouve des têtes connues (un couple d'écossais qu’on avait croisés en juillet dans le parc de Yellowstone) et des têtes franchouillardes, comme ce duo de jeunes cyclistes français débarquant un matin au camping après avoir passé une nuit à éponger l’eau de pluie dans leur tente avec leur caleçon (combinaison d’une mauvaise tente avec un mauvais emplacement de camping sauvage), et qui repartent deux heures après, frais comme des gardons pour une nouvelle étape !

Deux français au caleçon mouillé

"Dank", un californien voyageant très léger, mais chargé d'histoires d'extra-terrestres et de complots politiques
La météo reprend des couleurs à partir de Gualala Bay : il fait beau, on a le vent dans le dos, le paysage change encore, ça sent le sud à plein nez avec les eucalyptus, le fenouil, les lauriers et les passiflores en bord de route, et de plus en plus de touristes en vadrouille. 




Et puis d’un coup les routes s’élargissent, le trafic se densifie, San Francisco n’est pas bien loin mais on est trop en avance pour s’y jeter à pieds joints ! 

Alors on tourne un peu en rond, on reste quelques jours dans la ville industrielle et navale de Vallejo au nord de la Baie de San Francisco (pas un charme fou, mais intéressant de savoir qu’on y a construit des milliers de bateaux pendant la seconde guerre mondiale), on visite le fameux vignoble de la vallée de Napa avec certains chais assez rococos (dont un en forme de temple égyptien, mais qu’on n’a pas pu prendre en photo par peur de la malédiction de Toutankhamon). 

Eglise à San Rafael

Dans les vignes de la vallée de Napa



Dans le (vieux) chantier naval de Vallejo

« To faire du vélo or not to faire du vélo ? » Telle est la question

En avance et déjà à destination, on se demande si on continue un peu plus vers le sud avant de revenir sur nos pas pour passer le temps, ou si on fait un tour par l’intérieur des terres.

Et puis en fait on se rend compte qu’on en a un peu marre de rouler en vélo, de se faire raser à longueur de journée par des conducteurs qui se foutent royalement des 90cm réglementaires pour dépasser un vélo, et de sentir le souffle de la mort quand une semi-remorque de bois nous double dans un virage. On ajoute à cela les campings qui sont de plus en plus chers ou qui commencent à fermer pour l’hiver…Bref la motivation n'y est plus. 

Mais bon, 10 000 km, 22 états et provinces parcourus en vélos, c’est déjà bien non ? Alors la suite et fin de notre périple sera un peu plus classique, à base de voiture et d’essence pour visiter une Californie dont on n’a pour l’instant effleurer que le littoral !   

2 commentaires:

  1. NON c'est mort vous continuez en vélo.

    Derrière notre écran, on veut voir la souffrance nous !

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    1. Merci sœurette ! Tu as trop regardé et lu Hunger Games toi !

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