vendredi 16 mars 2018

Plein sud vers les Keys ! - 7 au 11 mars

Après un au revoir avec notre famille d’accueil, nous voilà sur la route du sud, en direction de l’archipel des Keys, un chapelet d’îles aux cocotiers et sable blanc au large des côtes sud de la Floride, en plein Golfe du Mexique. 
La première étape est de sortir de l’agglomération de Miami,
ville tentaculaire qui s’étend sur des kilomètres, l’urbanisme ici étant basée sur l’utilisation de la (grosse) voiture et la grande disponibilité de l’espace (inutile d’empiler les commerces et les habitations quand on peut s’étendre à l’infini et tout lier par des grandes voies !). 
Evidemment, sortir d’une telle ville en vélo n’est pas la plus romantique et champêtre des ballades : c’est long, c’est moche, c’est sale et c’est bruyant (mais c’est aussi ce qu’on est venu voir !).
En sortie de ville, on fait un crochet par le magasin Dick’s Sporting Goods pour acheter une bonbonne de gaz pour notre réchaud. Cette chaîne de sport s’est démarquée dernièrement en annonçant le retrait de la vente toutes les armes semi-automatiques du même type que celui utilisé pour le dernier carnage en date (17 victimes abattues par un « dérangé mental» - dixit Trump - dans un lycée de Floride).
Entre deux clubs de golf et les maillots de bain, ce magasin de sport nous offre en effet un large choix de fusils en tout genre. Par contre, sécurité oblige, on me demande une pièce d’identité pour l’achat de la bonbonne de gaz.

S’enchainent alors des dizaines de miles à rouler sur une voie cyclable longeant une voie de bus à double sens (la première voie de bus qu’on ait vue ici) au milieu de centres commerciaux et usines, avec par moments l’atmosphère chargée en odeurs de brûlé et de fumées provenant des feux de forêts des Everglades (immense parc couvert de marais couvrant une bonne partie du sud de la Floride). Nous atterrissons pour la nuit au sud d’Homestead, à Florida City dans un camping qui sert en fait de lieu de résidence permanent pour des dizaines de caravanes et camping-cars. 

Le lendemain nous voilà arrivés dans les Keys par une longue route rectiligne, terriblement rectiligne, bordée de marais. Non sans une pointe de stress liée à la présence potentielle d’alligators dans ces marais tout proches, notre bravoure est plus forte et nous pousse sur la première des îles, Key Largo. 

Globalement, pour visualiser les Keys sans Google, il faut imaginer une longue et large route relativement droite, très passante, longue de plus de 150 kilomètres, reliant par des ponts (certains pouvant faire plusieurs kilomètres) les différentes îles, plus ou moins grandes et plus ou moins habitées, le tout entrecoupé d’eaux à tendance turquoise, de hammocks (petits bois surélevés) et de mangroves. 
Le long de cette route : hôtels, motels, restaurant à homards, campings pour gros véhicules, boutiques de souvenirs mais aussi débris, ruines, arbres arrachés, caravanes éventrées. L’ouragan Irma l’année dernière a en effet fait de terribles dégâts (début septembre 2017) dans cet archipel paradisiaque, et les plaies ne sont pas de tout refermées ici. Certains ont eu la chance et le pouvoir de reconstruire rapidement, d’autre non, renforçant d’autant plus le contraste qu’offrent les « resorts » clinquant mitoyens des terrains de campings dévastés et rasés au bulldozer. La quasi-totalité des ponts secondaires dédiés aux piétons/vélos (ponts bâtis initialement dans les années 1920-30 par les vétérans de la première guerre mondiale pour la ligne de chemin de fer reliant New-York à Key West) sont fermés ou encore de restauration, suite aux dégâts des multiples ouragans et tempêtes survenus depuis des décennies. Nous avons donc dû utiliser la « route nouvelle » et ses pistes cyclables pleines de débris. Un vrai plaisir et un baptême du feu réussi pour nos pneus (Schwalbe Marathon – un peu de pub). 

Passons sur le tourisme de masse de ces Keys, qui restent un lieu privilégié pour les familles américaines avides de soleil (surnommés grossièrement « yankees » par les locaux) en cette période de vacances de printemps (« Spring Break ») et les retraités passant l’hiver au chaud en réservant leur emplacement des mois à l’avance. 
Entre décembre et avril, la Floride connaît sa saison sèche, soit l’hiver pour eux, mais sans pluie tandis que tous les états au nord connaissent encore des tempêtes de neige comme c’est le cas en ce moment. Le reste de l’année, le climat est orageux l’après-midi, générant de fortes pluies, ouragans et tempêtes et les hordes de moustiques qui vont avec….

Alors que nous hésitions encore avant d’arriver aux Keys, nous avons rapidement décidé de ne pas refaire le chemin inverse en vélo mais de remonter en ferry, compte-tenu de l’état des pistes cyclables et des difficultés d’hébergement (rareté et prix). En effet, suite à l’ouragan Irma, un quart (environ 15 000 logements incluant les résidences de vacances dont 7 500 camping-car/caravanes) ont été détruits sur un total de 55 000 logements que comptent les Keys. De nombreux campings sont rasés, d’autres plus chanceux en travaux de réouverture, les seuls ouverts ne prennent quasiment plus de tentes (priorité aux caravanes et camping-car - « RV » pour les américains) ou ceux qui hébergent le font pour une quarantaine de dollars… Par ailleurs, la région est peu couverte par le réseau d’hébergement chez l’habitant Warmshowers. Quant au camping sauvage, difficiles de trouver un terrain sans risquer de croiser de grosses bébêtes ou un sheriff dans la nuit gentiment prévenu par le voisinage inquiet. 
C’est ainsi que sur l’île de Layton, vers Marathon, nous avons pu planter notre tente sur la pelouse de l’église baptiste du village avec l’aval du « pasteur Robby » (son numéro de téléphone était sur la porte de l’église). Les voisins et autres promeneurs de chien étaient juste amusés de voir une tente sous leurs fenêtres et observer deux touristes prendre leur douche au tuyau d’arrosage des espaces verts de l’église.
Dommage, car le matin même de notre départ de notre terrain de camping à 40$ la nuit, nous avions croisé 2 américains au feu rouge qui nous avaient proposés successivement de nous héberger dans la ville que nous quittions ce matin-là. 

Plus loin, à Big Pine Key, après deux refus mal-à-l’aise d’hébergement dans les quartiers chics, nous avons dégoté le dernier emplacement de tente de libre (pour environ 50$...) au seul camping local. Petit orage dans la nuit, les éclairs étaient sur la mer pas loin, première utilisation forte appréciée de notre tarp (bâche ultrafine et imperméable installée par-dessus la tente pour ne pas la mouiller). 
Le lendemain matin, nous avons été réveillés brusquement pas une biche qui voulait entrer par effraction dans notre tente pour manger nos restes ! Sur cette île, elles sont très nombreuses, protégées et pas farouches le matin et au coucher du soleil. 

Malgré le peu de temps passé sur la route, nous avons pu croiser de belles bestioles : divers lézards, écureuils, iguanes, biches, pélicans, oiseaux bariolés et une grosse araignée multicolore.

La rareté et la cherté des hébergements nous ont poussé le plus au sud-ouest possible, sur l’île de Key West, capitale des Keys. La vieille ville est belle et authentique, au style colonial préservé. Les quelques heures passées là-bas en attendant notre ferry nous ont seulement permis de trainer au milieu des maisons coloniales en bois couleurs pastel, de faire la photo obligatoire devant « le point le plus au sud des Etats-Unis continentales » (moins de 200km de Cuba) et d’avoir une confirmation que les « spring break » étudiants dans les films sont totalement réalistes. Il n’y a plus qu’à remonter vers le nord des U.S.A maintenant que nous vous atteint l’extrême sud !



Les îles Keys

2 commentaires:

  1. y sont ou les alligateurs ?Dieu est donc avec vous pour vous héberger,on peux dormir tranquille alors ,bizzzzzzzzzzzz a vous 2

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  2. Vous l'avez attrapé l'araignée ? Yolande la veut; elle aime bien ces bébêtes.

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